Appel 23h45 - Vers un nommé Ricky

En anglais avec un accent français

"Allo, bonjour, enchanté.
Je cherche une personne aux compétences multiples, polyvalente et au comportement professionnel. On m'a conseillé de m'adresser à vous. Pouvons nosu convenir d'un RDV ? Je laisse le lieu à votre convenance."

Ricky sortait de la salle de bains, nouant la ceinture de son peignoir de soie noir et fuschia autour de sa taille, quand l'écran du terminal très design qui occupait un petit coin de son bureau clignota, signalant un nouvel appel. *Pourvu que cela ne me mette pas en retard... Déjà qu'ils doivent m'attendre...* Distraitement, il pressa un bouton de la télécommande posée sur le lit king-size, baissant le volume de la musique d'ambiance - Gershwin - et effleura l'écran, répondant de sa voix chaude et précieuse, teintée d'une pointe d'accent hollandais.

"Ricky di Mezzo speaking. Enchanté aussi, monsieur?... Je n'ai pas compris votre nom... Tout dépend quel type de professionalisme vous recherchez. Vous voulez une interview avec quelqu'un? C'est l'agence qui vous a donné mon numéro? C'est un peu tard pour ce genre de choses, vous ne croyez pas?"

Je vérifie que j'ai bien composé le bon numéro.

"Non, vous vous méprenez, je suis monsieur johnson et je cherche une recrue de choix. excusez-moi de l'appel tardif mais dans notre domaine, les ombres sont nos amies."

"Parfait. À dans une heure."

Ricky raccrocha, tapotant pensivement son menton de son index. Puis il se dirigea vers la chambre et enfila sa combinaison balistique quasi-invisible et son costume Armanté. Il quitta son appartement, prit l'ascenseur jusqu'au sous-sol où une Eurocar Westwind l'attendait, et prit la route.

"Silent Storm", lança-t-il à l'auto-pilote.

Une demi-heure plus tard, Ricky était arrivé. Joel, un troll dont le costume noir très classe soulignait de façon fort impressionante les muscles inhumains et la grosse bosse d'une arme automatique sous l'aisselle, le salua silencieusement d'un signe de tête, le laissant passer sans un mot. Ricky abandonna son manteau au bunny du vestiaire et descendit quelques marches vers la lounge principale du Silent Storm. La musique gothic-house néoclassique et l'éclairage aux tons principalement rouge et rose le frappèrent de plein fouet, et il ferma les yeux, heureux de baigner dans cette ambiance familière de luxe, ivresse et désir. Autour de lui, le personnel en mini-jupe transparente pour les filles ou pantalon de cuir ultra-moulant pour les hommes - tous torse nu, règle de la maison-, s'activait à servir des cocktails alambiqués dans des verres en vrai cristal à la trentaine de client confortablement installée dans les alcôves et canapés de cuir rouge. La main de Ricky effleura le postérieur musclé d'un serveur blond aux yeux bleus qui lui rendit son sourire.

"Hellllllo Ivan, darling. Tu m'apportes un Kamchatka on ice, s'il te plaît?" sussurra Ricky à l'oreille du jeune homme, qui acquiesca d'un signe de tête.

"Hello Ricky", lança une jeune serveuse noire aux cheveux courts avec une poitrine à damner un saint. "Tu veux quelle table?"

"Daisyyyy, amore, mia" répondit Ricky en embrassant Daisy sur la joue, "comment va, darling? Je prendrai la 17. Dis à Joel que j'attends quelqu'un. Un homme blanc, la trentaine, avec une canne, qui dira qu'il vient de ma part."

Ricky se dirigea vers le fond de la salle, écarta un rideau de fausses perles noires et s'installa dans l'alcôve. Ivan lui apporta son cocktail quelques instant après. Plus qu'à attendre. Les yeux fermés, Ricky se renversa la tête en arrière sur son fauteuil, libéra son esprit de son corps et le laissa baigner dans l'espace astral, s'imbibant des sons, lumières et émotions de son club favori.

Arrivé à l'heure-dite devant le lieu indiqué. Il faut marquer un très léger arrêt. Un petit mot avec le videur troll pour entrer puis découverte du spectacle ambiant.
Aucun gout, un design tape à l'oeil et vulgaire, aucune classe. Un show off d'argent pour megalos. Il y a même les prostituées qui servent à table, y en a pour tous les goûts.

Seule le léger tapotis de la canne trahis la nervosité de l'amateur éclairé d'art. Bon maintenant trouvé le runner.
Avisant une accorte serveuse de passage :
"Excusez moi mademoiselle, je cherche une personne nommée Ricky. Il m'a donné rendez-vous ici. Vous serez biena imable de m'indiquer sa table ou le lieu où il se trouve."

Je déteste cet endroit. Le jugement est peut être hâtif mais il est définitif. Mais qui chercherait deux coureurs des ombres ici ? Y a plus qu'a espérer que l'inconnu n'est pas un sale gosse de riche cherchant l'adrénaline.

"Bien sûr monsieur, je vous y conduit." Répondit la serveuse.

Une marche en silence, la canne sert à repousser de côté un affreux rideau de perles noires. Un homme renversé sur son siège. Pas un drogué j'espère.

"Ricky je présume ? Enchanté monsieur Johnson."

Ricky observa depuis l'astral l'arrivée de l'homme à la canne. Apparemment l'endroit ne lui plaisait pas, son aura rayonnait le mépris et le dégoût. *Tant pis pour lui...* Alors que l'homme repoussait le rideau de perles, Ricky réintégra son corps et se redressa, prenant un longue inspiration avant d'ouvrir les yeux, de se lever et de tendre une main parfaitement manucurée à l'arrivant.

"Enchanté, Mr. Johnson. Je suis Ricky. Vous avez trouvé l'endroit facilement? Ravissant, n'est-ce pas? L'endroit parfait pour chiller un peu. Vous buvez quelque chose? Les cocktails sont d'une qualité incomparable à Seattle, et ce n'est pas du synthétique. Et ne vous laissez pas tourner la tête par le service, c'est regarde mais pas touche."

Ricky se rassit, croisant une jambe par-dessus l'autre en un geste ample, bras écartés sur le dossier du siège.

"Alors, Mr. Johnson, de quoi vouliez-vous me parler?"

Je m'assis le dos bien droit en appuyant ma canne contre la table. L'air de quelqu'un qui va pas rester longtemps.

"L'endroit ne plaît pas. Mais nous sommes en effet ici pour parler travail.
J'irais droit au but. Je représente un groupe de personnes qui sont sur un projet commun. Nous cherchons des ressources aux talents multiples pour affronter la vive concurrence. Notre contrat est clair sur un point. Discrétion, ruse plutôt que violence aveugle. De la classe et pas de barbarie. Notre cercle est celui du monde de l'art et donc un minimum de connaissance artistique et de maintien en société seraient utiles quoique pas obligatoires.
Inutile de parler rémunérations plus avant si vous pensez ne pas correspondre au descriptif du poste."

J'attend la réponse, le visage ne reflétant aucune émotion.

"Ah, mais c'est très bien. Vous avez frappé à la bonne porte. Bien, je pourrais parler de références universitaires, citer la maîtrise d'histoire de l'art que j'ai passée avec brio en parallèle de mon doctorat de thaumaturgie à Yale, mais ce genre de références banales n'intéresse plus personne de nos jours. La qualité, mon bon monsieur, la qualité... Concernant le côté plus discret, je suis un véritable caméléon, aussi bien socialement que physiquement, j'ai des contacts bien placés dans le monde du spectacle et de la culture, et si les mots ne suffisent pas à faire le travail - un cas rare, mais shit happens, comme on dit joliment - la manipulation thaumaturgique des esprits est mon violon d'Ingres. Ne compter pas sur moi pour débarquer dans un bar à la Rambo en enfonçant la porte de mes bottes cloutées en tirant à la mitrailleuse, je laisse ce genre de grossièretés à d'autres. Moins il y a de sang, mieux c'est. Tout le monde me connaît, personne ne me soupçonne. Jamais."

Ricky attendit une réaction, observant Johnson avec un amusement grandissant.

"Disons que se sera à peu près 10.000 par tête, les frais d'hospitalisation sont à la charge du commanditaire ainsi que les frais d'obsèques au cas où. Il y a également une somme pour les frais de mission, mais avant d'en engager il est de bon ton de demander l'autorisation aux membres de l'équipe."
Je me lêve pour prendre le chemin de la sortie.
"Je n'ai que trop parlé. Rendez-vous demain au restaurant Chez Paul dans le quartier est pour un petit déjeuner français à 10 heures précises. Présentez-vous et je serais que vous acceptez l'offre. vous avez la nuit pour réfléchir, chez moi on dit qu'elle est de bons conseils."

Puis sans attendre de réponse je quitte la table 17 pour me frayer un chemin hors de ce lieu de perdition. Sans me hâter, de la démarche de l'homme sûr de lui. Je jette un regard dédaigneux au videur troll pour laisser la brise nocturne me caresser le visage.
(/par commodité en cyan quand je parle en français)
"Ah ces américains, je ne me ferai jamais à leur grossièreté."

Ricky resta un instant à siroter son cocktail, pensif. Un job intéressant. Pas très bien payé, certes, mais intéressant cependant. Le Français lui faisait une impression bizarre; trop sérieux, trop froid, pas assez... humain, presque. Certes, peu de gens arrivaient à donner la réplique à Ricky en terme d'ouverture et de contact humain, mais quand même. Il avait connu des Johnson plus sympathiques.

"Il faut bien vivre", murmura-t-il à lui-même. Dix plaques, un mois de son train de vie... ça ne se refuse pas.

Ricky vida son cocktail d'un trait, quitta le Sient Storm en saluant les gens au passage, et rentra chez lui. Il faudra être frais demain matin pour ce rendez-vous. Ricky rechercha l'adresse du restaurant et le temps de trajet nécessaire, régla son réveil pour être présent 15 minutes en avance, et alla se coucher.

Assis à ma table habituelle, je sirote un vrai café français, en dévorant des tattines de pains frais à la confiture. Hélant un serveur arborant un béret tout ce qu'il y a de plus français.
"Jean Pierre, tu me mettras un deuxième petit déjeuner, j'attend un ami."

J'attend de voir si notre ami clubber pourra se lever à 10h du matin et être présentable.

C'est un Ricky frais comme un gardon qui poussa peu avant 10h la porte de Chez Paul, vêtu d'un ensemble sport qui réussissait à merveille le mélange sobre, classe et fashion. Il chercha du regard son interlocuteur, le vit assis à une table devant un petit déjeuner et le gratifia d'un petit signe de main en se dirigeant vers lui de sa démarche assurée et légèrement dandy.

"Hellllo, Johnson boy. Bien dormi? Oh, je vois que vous avez commandé pour moi, quelle délicate attention. Merci beaucoup. Ils font du vrai café, ici? Je digère mal le soycaf."

Ricky s'assit et commença à beurrer un toast.

"Alors, Johnny, avec qui vais-je travailler sur cette mission?"

Ricky haussa les épaules.

"Je tiens à mon derrière et j'évite de me mettre moi-même ou mes coéquipiers en danger de façon inconsidérée. Après, quand il faut, il faut, c'est le boulot. Mais je suis et reste un homme de mots, pas une tête brûlée, et ma magie est un art, pas une arme."

Ricky termina sa tartine et en beurra une seconde, levant un regard interrogateur vers Stark.

"Tu permets que je finisse avant qu'on y aille, ou on est très pressés? J'ai sacrément faim."

"L'appétit vient en mangeant", ajouta Ricky avec une pointe d'accent américain et un petit sourire en coin. "Comme je disais hier, beaucoup me connaissent, personne ne me soupçonne. I am Ricky, dans les ombres ou ailleurs."

Ricky eut un petit sourire en coin, haussa les sourcils et prit une gorgée de lait.

"Mêler travail et plaisir ne me gêne pas, bien au contraire. Après, il faut voir et surtout connaître un peu la cible. Si c'est une japonaise très traditionnaliste un flirt à l'occidentale est hors de question. Différences culturelles, tu vois... Quant à la garde d'élite, si tout se passe bien je les croiserai à peine, ou mieux je me les mettrai dans la poche. Mais je croyais que nous voulions parler détails ailleurs? J'ai fini mon petit déjeuner."

"D'après mes sources, c'est une fille facile, je sais il y a peu de défi pour vous dans ce domaine. Allons faire un tour, j'aime marcher dans les rues."
Je paye le déjeuner et m'en vais.